L’état d’urgence était un prétexte pour alimenter la corruption en Haïti selon un rapport du CARDH

Revue de presse

11 août 2020. L’état d’urgence sanitaire, décrété par arrêté présidentiel le 20 mars 2020 à la suite de l’apparition des 2 premiers cas de COVID-19 dans le pays, était un prétexte pour alimenter la corruption selon un rapport du Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH). Dans son rapport en date du 10 août 2020 intitulé « L’état d’urgence sanitaire en Haïti : Une opération de corruption, de paupérisation et de violation de droits humains », l’organisation de défense des droits humains estime que les procédures de passation de marchés publics ont été systématiquement violées au cours de cette période.

« Au cours de la période d’urgence, aucun contrat, aucun projet de contrat n’a été envoyé à la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif » selon le rapport qui rappelle les dispositions de l’article 5 de la loi portant prévention et répression de la corruption qui stipule que même les procédures allégées doivent bénéficier de l’aval de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif.

Le rapport du CARDH confirme qu’au moins 29 contrats ont été exécutés par le gouvernement en dépit d’avis défavorables de la CSC / CA.
Analysant ces avis défavorables, le directeur exécutif du CARDH, maître Gédéon Jean, se dit convaincu que l’état d’urgence sanitaire a accéléré la machine de la corruption en Haïti caractérisée notamment par la violation des procédures.

« La Cour des Comptes doit effectuer normalement 3 contrôles sur des contrats impliquant l’État haïtien. Un premier niveau de contrôle s’applique même à des précontrats » explique l’homme de loi dans une interview accordée à la rédaction de Juno7.
« Si ces procedures ne sont pas respectées cela signifie qu’il y a passation illégale de marchés publics et qui dit passation illegale de marché dit corruption » poursuit maître Gédéon Jean.

Le rapport du CARDH présente la liste des 29 contrats qui ont reçu un avis défavorable de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif. La majorité de ces contrats ont été passés à la diligence du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP). Selon ce rapport de 32 pages, les 14 infractions identifiées par l’article 5 de la loi portant prévention et répression de la corruption ont été répertoriées au cours de cette période.

Un article de Jean Herntz Antilus, Juno7. Lire l’article