Tremblement de terre du 14 août 2021 et conférence internationale pour la reconstruction de la Péninsule Sud : besoin de 2 milliards de dollars américains

Syntheses

2 246  décès ( dont 1 832 dans le Sud, 137 dans les Nippes, 218 dans la Grand’Anse et 2 dans le Nord-Ouest) – 1 2763 blessés  ( au moins 9 158 dans le Sud, 1 652 dans la Grand’Anse et 1 458 blessés dans les Nippes) – 320 disparues – 52 953 Maisons détruites – 77 006 Maisons endommagées (Source: Centre d’Opération d’Urgence National, Rapport de situation no6, 19 Août 2021).

Le samedi 14 août 2021, vers 8h 29 du matin, les départements du Sud, des Nippes et de la Grand’Anse ont été sauvagement frappés par un tremblement de terre de magnitude 7.2 sur l’échelle de Richter. Ce séisme a eu lieu à 13 km au sud- sud-est de Petit Trou de Nippes et à 10 kilomètres de profondeur. Tout le pays en a ressenti les premières secousses. Au moins 500 répliques s’en sont suivies. (Sismologue français Éric Calais, Le Nouvelliste | Haïti: au moins 500 répliques enregistrées depuis le séisme du 14 août).

Vu l’ampleur des dégâts et le besoin de solidarité, le même jour le président américain, Joe Biden, a nommé l’administratrice de l’USAID, Madame Samantha Power, coordonnatrice de l’aide américaine pour Haïti.  Le Canada, le Venezuela, la République dominicaine… ont exprimé leur solidarité à Haiti et y ont promis leur soutien.

Déjà, 67 millions de dollars américains sont promis, dont :  40 millions du Mécanisme d’assurance contre les risques de catastrophe des Caraïbes (CCRIF) ; 20 millions des États- Unis ; 3 millions de l’Union européenne ; 1.5 million du Canada ; 1 million du Mexique ; 1.3 millions de la Colombie, 500 milles du Taiwan.

Voir la liste des besoins provisoirement identifiés


Réunion des bailleurs de fonds pour la reconstruction de la Péninsule Sud : un besoin de 2 milliards de dollars américains, 16 février 2022

Convoquée par le gouvernement haïtien et les Nations unies, la réunion des bailleurs de fonds pour la reconstruction de la Péninsule Sud s’est tenue le16 février 2022 à l’hôtel Karibe convention center en vue de récolter deux milliards de dollars américains.

Dans ses propos d’ouverture, la ministre de la Culture et de la communication, Emmelie Prophète Milcé, a rappelé le bilan humain et matériel du séisme : 2 246 décès ; 1 2763 blessées ; 1 250 écoles et 97 établissements de santé détruites ou endommagées.

Le Premier ministre haïtien, Ariel Henry, et la secrétaire générale adjointe de l’ONU, Amina Mohammed, ont lancé les discussions. Interpellant les bailleurs pour qu’ils n’abandonnent pas Haïti, en proie à des difficultés résultant de la répétition des catastrophes, la représentante de l’ONU a souligné que sa présence s’expliquait par la nécessité de reconstruire la péninsule du Sud. Elle en a profité pour saluer le courage des Haïtiens.

Dans ses propos de circonstance, le Premier ministre a souligné que la réunion était une étape très importante de la mobilisation impulsée par le gouvernement pour faire face aux conséquences économiques et sociales du désastre. Un partenariat tripartite a permis une évaluation des dommages, pertes et besoins post-désastres, connu sous le nom de PDNA (Post-Disaster Needs Assessment).

Ces résultats ont servi de base à l’élaboration du Plan de relèvement intégré de la péninsule du Sud (PRIPS) dont la vision s’articule sous le titre « Vers un relèvement résilient face aux aléas multiples et complexes en adoptant des approches innovantes et durables sur la base d’un processus inclusif et coordonné ».

Tout en voulant ne pas répéter les erreurs du passé, le Premier ministre a estimé à près de 2 milliards de dollars américains le coût du relèvement. Ce montant sera programmé sur quatre ans et sera réparti entre quatre secteurs : production (197 millions) ; social (1 515 millions) ; infrastructures (172 millions) ; domaines transversaux (94 millions).

Pour la première année, environ 454 millions seront nécessaires à la mise du Plan, soit environ 25% du montant global. Pour lancer effectivement le processus, environ 347 millions sont prévus.

Un cadre de coordination stratégique, technique et opérationnelle est mis au point. Il prend en compte les résultats probants obtenus à partir du mode de production du PDNA et du PRIPS. Des représentants des secteurs nationaux et internationaux ont pris part au processus. Ils sont également partie prenante de l’exécution du PRIPS, sous le leadership de l’État. Un cadre de suivi et d’évaluation du Plan sera élaboré à cet effet. Source : Le Nouvelliste

Lire aussi : Miami Herald : « Haiti raises $600 million from other nations to rebuild southern peninsula after quake« , 16 février 2022.


Commentaires du CARDH

La société haïtienne doit être vigilante, vu l’expérience malencontreuse faite après la catastrophe du 12 janvier 2010 où plus de 11 milliards de dollars américains avaient été mobilisés « au nom du peuple haïtien et pour reconstruire le pays », mais ont été, en réalité, utilisés à d’autres fins. Aucune information n’a été fournie sur la manière dont ces agents ont été dépensés. Les conditions socio-économiques de la population ne se sont pas améliorées. C’est l’une des raisons expliquant les dégâts de ce séisme du 14 août, les infrastructures étatiques et locales n’étant pas renforcées, l’éducation n’étant pas faite, les normes de construction parasismiques n’étant pas respectées…

La population du Sud, des Nippes et de la Grande-Anse était déjà dans une grande précarité socio-économique avec notamment le blocus causé par la systématique guerre des trois gangs de Martissant depuis près de trois mois : Gran-Ravin ; Ti Bwa ; Village-de-Dieu.

L’aide humanitaire est incontournable mais doit respecter la dignité des victimes afin de corriger les erreurs du passé, notamment celles post 12 janvier 2010. Pendant des années, les victimes étaient dans des camps dans l’indignité la plus totale. Il y a eu aussi des exploitations sexuelles et autres.

Le gouvernement haïtien doit s’assurer d’une bonne coordination de l’aide humanitaire en vue de son efficacité. De concert avec le système humanitaire, il doit identifier les besoins et orienter les ONG qui veulent aider. Cela permettra d’éviter qu’une kyrielle d’ONG intervient dans un même secteur, alors que d’autres ont des besoins urgents.

Le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) met en garde ceux qui se frottent les mains pour s’enrichir au détriment des victimes, comme ce fut le cas après le séisme du 12 janvier 2010 ainsi que d’autres catastrophes en Haïti et aussi ceux qui avaient dépouillé les structures de l’État de ses ressources par la corruption, le vol… mais qui vont en profiter pour faire campagne politique.

Tout en étant attaché à sa mission de dénoncer les violations de droits humains, de suivre l’action humanitaire post 14 août 2021 qui doit être réalisé dans le respect de la dignité des Haïtiens, le CARDH exige la transparence dans le processus et dénoncera la grande corruption qui, fort probablement, en découlera.  Consulter le rapport

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Reportages

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Rapports et commentaires du Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme


Besoins immédiats

  1. D’abord il y a les besoins matériels qui devaient être disponibles immédiatement après la catastrophe. En ce sens, les matériels suivants ont été énumérés :
    • Tentes et bâches ;
    • Eau, nourriture ;
    • Lampes de poche ;
    • Bottes ;
    • Besoin d’urgence pour une action du TPTC ;
    • Vérin électrique;
    • Back-up recharge ;
    • Vêtements ;
    • Personnel de santé ;
    • Sauveteurs-secouristes (10 par communes * 20 = 200) ;
    • Kits d’hygiène incluant baby kits (600.000) – serviettes, savons, gels, dentifrice, brosses à dents, couverture de laine ;
    • Familles d’accueil ;
    • Terrains/espaces libres pour abris provisoires ;
    • Matériels de premiers secours (médicaments, trousses de premiers soins)
    • Carburant;
    • Véhicules et motocyclettes ;
    • Cartes de recharge pour téléphones ;
    • Réparation.
  2. En outre, il y a aussi un besoin d’appui psychosocial pour reconstituer les familles des victimes et les déplacés dans leur dimension humaine.
    • Besoins à moyen terme
  1. Après l’acheminent des matériels ci-dessus, il faudra entamer le processus d’assistance identitaire et économique.
    • État civil : acte de naissance ; carte d’identité ; extrait des archives ; passeport.
    • Recapitalisation.
    • Valorisation et renforcement de l’économie locale.