Résumé
L’assassinat crapuleux de six policiers à Liancourt, département de l’Artibonite, par le gang Gran Grif, basé à Savien, a soulevé la colère de la population et a provoqué une onde de choc au sein de l’institution policière, conduisant à des changements dans la chaine de commandement central et départemental (consultez : CARDH : « Assassinat en rythme exponentiel des policiers et insécurité en Haïti seule une force internationale adaptée peut aider à stopper le règne des gangs et à protéger les citoyens », 30 janvier 2023).
Un rapport du service de renseignements de la direction départementale – Fiche: DDA/SDR -00345 (28/1/2023) – a conclu que l’attaque provoquant l’assassinat des policiers avait été planifiée par trois hauts gradés de la police (deux inspecteurs généraux et un commissaire divisionnaire) afin de « provoquer un chaos dans l’Artibonite (…) ».
Tout en reconnaissant les limites dudit rapport, il confirme les luttes existant au sein de la hiérarchie de l’institution dont les policiers et leur famille ainsi que la population constituent les cobayes et font les frais.
Le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) se souvient du carnage de Village-de-Dieu du 12 mars 2021 où des policiers des unités d’élite ont été envoyés à la boucherie. Cinq policiers y ont été assassinés, leurs corps mutilés ont été exposés sur les réseaux sociaux (Georges Renois Vivender ; Désilus Wislet ; Eugène Stanley ; Ariel Poulard ; Lucdor Pierre).
Le 31 mars 2021, le Premier ministre Joseph Jouthe, chef du Conseil supérieur de la police nationale (CSPN), a reconnu qu’il y avait des erreurs tactiques et des rétentions d’informations lors de l’opération, « ce qui a poussé les policiers à tomber dans le piège ».
En guise de sanctions administratives, judiciaires et de redressement institutionnel, l’inspecteur général Carl-Henry Boucher, responsable des renseignements généraux (DRG), placé en isolement le 15 mars 2021 après avoir été auditionné par l’inspection générale, a été libéré vingt-quatre heures après, la mémoire des victimes scellée dans les chambres fortes des oubliettes…