Résumé.
Trois-cent-quatre-vingt-neuf (389) enlèvements ont été recensés pour le premier trimestre de 2023, soit une augmentation d’un peu plus de 173% par rapport à celui de 2021 et de 72 % par rapport à celui de 2022 au cours desquels 142 et 225 enlèvements ont été respectivement recensés. Vingt-neuf (29) ressortissants étrangers (trois pays) ont été enlevés durant le premier trimestre de 2023 contre 40 pour celui de 2022 (neuf pays), une diminution de 27%.
Diverses raisons peuvent expliquer cette augmentation, comparée à la baisse observée pour le denier trimestre de 2022 (127 enlèvements) dont : i) le besoin de compenser une perte financière en raison des sanctions ; ii) le contexte électoral ; iii) le fait que de nouvelles zones intègrent le « marché » et de nouvelles alliances sont créées (Haut Bel-Air allié de Gran-Ravin et de Village-de-Dieu / Ti Makak allié de Vitelhomme…) ; iv) la lutte dans la hiérarchie de la police.
Si l’on tient compte du rôle de l’argent illicite dans les élections en Haïti, la remontée du kidnapping et de l’insécurité en général pourrait être étudiée en lien avec les prochaines élections, dont la campagne s’annonce. Cet angle paraît être plus intéressant, car des personnalités très influentes dans les secteurs qui financent une part importante de ces activités sont sanctionnées.
Face à l’incapacité d’une police sous-équipée à protéger les vies et les biens et la posture de la coopération internationale qui s’enlise dans la rhétorique réunions, promesses… la population commence à s’organiser pour se protéger contre la cruauté des gangs, (droit naturel). Des bandits sont exécutés, en représailles des citoyens sont aussi exécutés.
Face à la gravité de la situation et pour éviter le pire, la coopération internationale devrait sortir de son « chapitre » promesses, réunions, envoies de missions en Haïti…Pour sa part, le gouvernement doit assumer ses responsabilités en faisantdes changements dans l’administration publique, en initiant le processus de vetting de la police…La population doit être mobilisée de manière responsable dans cette quête de sécurité.
La sécurité, priorité de la population, contrairement aux acteurs politiques qui discutent du pouvoir, doit être détachée du binôme pouvoir et opposition politique sous une forme ou une autre qui s’y oppose (politique traditionnelle axée sur le sang, la violence, la misère…). Entre ces deux extrêmes, il faut une véritable force sociale, capable de construire un discours équilibré, non politique, afin d’aider l’international à accompagner la police…sinon les gangs contrôleront toute la capitale avec toutes les conséquences que cela implique (politique, sociale, économique…).