Celulle d’observation de la criminalité-COC


Formation sur les mesures pour réduire le risque de se faire kidnapper réalisée en partenariat avec la police et l’ambassade des Etats-Unis en Haïti

En janvier 2020, l’opinion publique a été alertée par une montée spectaculaire du kidnapping. Du 1er au 22 janvier, la police en a reçu 15 plaintes. Or, ce chiffre exprimerait moins de 50% de la réalité, vu qu’en général les parents et proches des victimes préfèrent négocier directement avec les ravisseurs (problème de confiance, policiers impliqués dans les enlèvements, absence de protection pour les victimes…).

Dès lors, le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) s’est proposé de faire de cette question un axe de travail. Des enlèvements ont été systématiquement monitorés à partir des mécanismes institués. L’« État des droits humains en 2020 » en a décelé 796, dont 565 au dernier trimestre.

En janvier 2021, le CARDH a mis en place la Cellule d’observation de la criminalité (COC). Le but est d’aborder la criminalité, dont le kidnapping, dans ses aspects complexes notamment en lien avec la politique, l’économie, les droits humains… et de comprendre son développement en Haiti.

Ainsi, une première étude a été publiée le 21 novembre 2021 en français et en anglais sous le titre : « Développement du kidnapping en Haïti : 23 janvier 1973, enlèvement spectaculaire ! » (accessible sur demande). Consultez le résumé et le plan en fin de page.

La COC utilise une approche pluridisciplinaire pour mieux appréhender le phénomène, en faisant appel à des experts : économistes, criminologues, pénalistes, spécialistes en sécurité, psychologues, politologues, historiens…Elle collabore aussi avec des instances étatiques et internationales chargées d’agir sur la question. Des mécanismes sont mis en place et se renforcent progressivement afin que la population et, en particulier, les victimes puissent collaborer dans la cueillette d’informations.

Des bulletins trimestriels sont publiés afin que des données soient disponibles et de comprendre l’évolution du phénomène. Les chiffres fournis par la COC sont des indicateurs permettant d’observer la tendance du phénomène (hausse/baisse). Ils n’expriment pas le nombre exact de victimes. Aucune institution en Haïti ne le dispose.


Bulletins 2023

Enlèvements pour le mois de juillet 2023

Quatre-vingt-trois (83) cas de kidnapping ont été recensés pour le mois de juillet 2023 par la Cellule d’observation de la criminalité (COC) du CARDH, dont 23 au Bas-Artibonite ( au moins deux rapts collectifs).  La violence instaurée par le gang de Vitelhomme Innocent à Tabarre a provoqué le déplacement de 400 familles, totalisant 2000 déplacés internes, dont 229 enfants ( de 0 à 17 ans).

Enlèvements pour le deuxième trimestre 2023

Cent-cinquante (150) enlèvements ont été recensés pour le deuxième trimestre de 2023, contre 389 pour le premier trimestre, soit une diminution de 61.43%.  Pour la période considérée,  10  étrangers ont été enlevés contre 29 pour le trimestre précèdent, soit une diminution de 65.51%. Vingt-sept (27) et 43 assassinats ont été respectivement enregistrés en juin et en mai 2023 contre 146 en avril 2023, soit des baisses respectives de 81.5% et de 70.54%. (Notons qu’il ne s’agit ici ni d’homicide global ni de de morts violentes générales).

One hundred and fifty (150) kidnappings were reported for the second quarter of 2023, compared to 389 for the first quarter, indicating a decrease of 61.43%. During this period, ten foreigners were abducted, as opposed to 29 in the previous quarter, resulting in a decrease of 65.51%. Twenty-seven (27) assassinations were recorded in June 2023, compared to 43 in May and 146 in April, representing respective declines of 81.50% and 70.54%. (Note that this does not include global homicides or general violent deaths).

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Enlèvements pour le premier trimestre 2023

Trois-cent-quatre-vingt-neuf (389) enlèvements ont été recensés pour le premier trimestre de 2023, soit une augmentation d’un peu plus de 173% par rapport à celui de 2021 et de 72 % par rapport à celui de 2022 au cours desquels 142 et 225 enlèvements ont été respectivement recensés. Vingt-neuf (29) ressortissants étrangers (trois pays) ont été enlevés durant le premier trimestre de 2023 contre 40 pour celui de 2022 (neuf pays), une diminution de 27%.

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Rapport  et bulletins 2022

Enlèvements pour le dernier trimestre  2022( octobre ; novembre ; décembre) et bilan annuel

Pour le dernier trimestre de 2022 (octobre, novembre, décembre), la Cellule d’observation de la criminalité (COC) du Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme a recensé 127 enlèvements dont 12 étrangers. Cela représente une diminution de 37.75 % par rapport au dernier trimestre au cours duquel la COC avait recensé 204 cas, et 68. 56 % par rapport au dernier trimestre de 2021, soit 404 cas recensés.

Pour l’année 2022, 857 enlèvements ont été recensés, contre 1009 l’année dernière, soit une diminution de 15. 06 %.


 

(Actualisé le 30 septembre )

Bulletin juillet, août et septembre 2022

1. Enlèvements pour le troisième trimestre

Pour le troisième trimestre de l’année 2022, la Cellule d’observation de la criminalité (COC) du Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) a recensé 204 kidnappings contre 326 pour le deuxième trimestre, une diminution 37.42%. Trois rapts collectifs ont été enregistrés contre 15 pour le trimestre précédent.

Cent-trois (103) enlèvements ont été recensés pour le mois juillet, contre 56 pour le mois d’août, une diminution de 45.63%, contre 45 pour le mois de septembre, une diminution de 56.31%.

2. Enlèvements d’étrangers

Dix-sept (17) étrangers ont été enlevés pour le troisième trimestre contre 36 pour le trimestre précédent, une réduction de 52.77%, ce qui porte à pour 61 pour les trois trimestres contre 53 pour l’année dernière. Rappelons que les missions diplomatiques et internationales avaient adopté des mesures pour protéger leurs ressortissants après la vague d’enlèvements du deuxième trimestre : réduction de personnel et fermeture de certains services ; voitures blindées de hautes gammes, déplacements en convoi…


 

Bulletin avril, mai et juin 2022

Pour le deuxième trimestre de l’année 2022, la Cellule d’observation de la criminalité (COC) du Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) a recensé : i) 290 enlèvements d’Haïtiens ; ii) 36 étrangers de 9 pays (40 de janvier à date) ; iii) 15 enlèvements collectifs.

53 enlèvements ont été recensés pour le mois d’avril, contre 118 pour le mois de mai, une augmentation de 117 %, et 155 pour le mois de juin, respectivement une augmentation de 192 % et de 31%.

225 enlèvements ont été recensés pour le premier trimestre 2022 contre 326 pour le deuxième trimestre, ce qui représente une augmentation de 44.8%.

326 enlèvements ont été recensés pour le deuxième trimestre 2021 contre 242 pour celui de 2021, une augmentation de 34.7%.

Pour le premier semestre de 2022, 40 ressortissants étrangers de 9 pays ont été kidnappés contre 53 durant l’année dernière.

Comme mentionné dans les bulletins, les chiffres de la Cellule d’observation de la criminalité (COC) permettent d’observer la tendance du kidnapping (hausse/baisse). Ils peuvent être actualisés dans le prochain bulletin.

Bulletin janvier, février et mars 2022

La Cellule d’observation de la criminalité (COC) du Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) a recensé 225 kidnappings pour le premier trimestre de 2022 contre 142 pour celui de 2021, une augmentation de 58,45%. Cela laisse présager une augmentation pour l’année 2022 si les promesses faites lors des deux réunions de haut niveau sur Haïti ne se matérialisent pas (160 millions de dollars américains promis) :  États-Unis, 115 millions de dollars américains ; Canada, 50 millions de dollars canadiens ; France, 6.5 millions d’euros.

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N.B. Comme souligné dans les bulletins, les chiffres de la COC permettent d’observer la tendance à la hausse ou à la baisse du kidnapping. Des cas sont à l’étude, d’autres peuvent être repertoriés tout au long de l’année. Ces chiffres peuvent donc être actualisés dans le prochain bulletin, d’autant plus que ceux pour le mois de mars sont comptabilisés pour la période allant du 1er au 24.

Télécharger le bulletin : CARDH-Kidnapping-Bulletin-Janvier-Février-Mars-2022Télécharger


 

Rapport de 2021


 

Pour l’année 2021, la Cellule d’observation de la criminalité (COC) a recensé 1009 enlèvements contre 796 en 2020. Notons que ces chiffres permettent d’observer la tendance du kidnapping (hausse/baisse). En outre, les rapts collectifs sont comptabilisés à moins de 10%.

 

Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme : Kidnapping : 2021

Mois Kidnapping
Janvier 65 
Février 50
Mars 27
Avril 91
Mai  51
Juin 100*
Juillet 31
Août 73 
Septembre 117
Octobre 140
Novembre 98
Décembre 166
Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme : Kidnapping : 2021

*A partir de la 3ème semaine du mois de mai, l’axe du kidnapping a été déplacé vers la Croix-des-Bouquets (400 Marozo) qui représentait moins de 10% des enlèvements. Pour le mois de juin, les rapts ont été, en général, collectifs (par exemple, en une journée au moins six bus et voitures ont été kidnappés ). Considérant la logique de la « plus  petite unité » du COC, seulement 100 victimes ont été considérées pour ce mois . Référence : (« Un proto État dans l’État haïtien ? Plus de 150 assassinats et près de 200 kidnappings pour le mois de juin », §40.)

I. Bulletins

Janvier 2021 (bulletin #1). Pour le mois de janvier 2021, au moins 60 kidnappings ont été recensés, ce qui laisse présager une hausse considérable par rapport à l’année dernière (51 pour le premier trimestre).

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Février 2021 (bulletin #2). Au moins 50 kidnappings ont été recensés, contre 60  pour le mois de janvier,  soit 110 pour les deux premiers mois de l’année. On peut constater une faible baisse par rapport au mois de janvier, mais toujours une hausse  hypothétique considérable pour 2021, vu que 51 cas ont été répertoriés pour le premier trimestre de 2020 ( CARDH, « État des droits humains en 2020, Hausse de la criminalité – démantèlement juridique – constantes violations des droits humains », p. 32, §102. »).

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Mars 2021 (bulletin #3) Vingt-sept (27) kidnappings ont été recensés pour le mois de mars, contre 50 et 65 pour  février et janvier ( dont cinq ressortissants étrangers libérés contre rançon), soit 142  pour le premier trimestre de l’année.

On tend donc vers une baisse, mais une hausse considérable par rapport au premier trimestre de 2020,  où 51 cas ont été répertoriés (CARDH, « État des droits humains en Haïti, Hausse de la criminalité – démantèlement juridique – constantes violations des droits humains », 2020, p. 32, §102. »).

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Avril 2021 (bulletin #4). Au moins 91 kidnappings ont été recensés pour le mois d’avril, contre 27 pour le mois de mars, une augmentation de plus de 300 %. Quarante-neuf (49) ont été recensés durant les 15 jours de la gouvernance « intérimaire » de Monsieur Claude Joseph, représentant 54%. Le deuxième trimestre en annonce une forte augmentation, car 65 ont été recensés pour le mois de janvier, dont cinq (5) ressortissants étrangers.

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Bulletin trimestriel juillet-août- septembre 2021 (bulletin # 5). Au moins 221 rapts ont été recensés : 31 pour le mois de juillet, 73 pour août et 117 pour septembre, une hausse de  près de 300 %.

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Mi-octobre 2021 (bulletin #6). Au moins 119 kidnappings recensés pour la première moitié du mois d’octobre, ce qui annonce, comme prévu dans le précédent bulletin, une augmentation par rapport au mois de septembre.

  • Soixante et un (61) kidnappings individuels.
  • Kidnapping collectif parmi d’autres des 400 Mawozo de 16 Américainsd’un (1) Canadien et, au moins, d’un (1) Haïtien ( conducteur) totalisant 18 personnes.
  • Dix (10) kidnappings collectifs en deux jours à Martissant, à raison de quatre occupants par voiture, le minimum considéré (une voiture privée peut avoir 2 à 5 occupants et un autobus peut avoir plus de 60 passagers.)

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II. Etudes

« Développement du kidnapping en Haïti : 23 janvier 1973, enlèvement spectaculaire ! », 15 novembre 2021.

Resu : Haïti fait face à un niveau de kidnapping épouvantable, le classant pays ayant le taux par habitant le plus élevé (Le Washington Post). Ce rapport aborde la question dans ses multiples facettes pour une meilleure compréhension.

Selon les Nations unies, le kidnapping peut prendre plusieurs formes. Le droit haïtien en définit un régime juridique et les sanctions allant de la réclusion (trente à cinquante ans d’emprisonnement) aux travaux forcés à perpétuité (loi du 22 août 2017).

Sur le plan historique, le premier rapt spectaculaire serait l’enlèvement de l’ambassadeur et du consul américains, Clinton Knox et Ward Christensen, le 23 janvier 1973. Cette pratique aurait existé durant le règne des Duvalier. Au cours des années 1995-2000, le trafic de la drogue, répandu en Haïti, concourait à son développement. L’enlèvement de Boris Potensky, le 28 mai, parmi d’autres mineurs, a marqué les esprits.

La chronologie des rapts avec des analyses comparatives est faite de 2004 à 2021. De 2004 à 2006, le kidnapping suivi de violences a servi d’arme politique, rongeant les familles apparemment riches et des citoyens de la classe moyenne. Plus de 1.000 ont été recensés en 2005. A partir de 2007, la tendance à la baisse a été observée. Les années 2020 et 2021 ont des points communs à celles de 2005 et 2006, mais se diffèrent largement.

A partir des indicateurs, les secteurs publics (politiques) et privés ont sciemment ou indirectement développé la criminalité, dont le kidnapping en Haïti. Ayant été des exécutants, les gangs tendent aujourd’hui à avoir une certaine autonomie. Ils contrôlent en moyenne 60% du territoire, notamment des axes stratégiques pour la survie du pays, disposent d’expertise et de moyens financiers et matériels énormes face à une police au rabais, un État en lambeau et une société civile extrêmement faible.

En 2019, l’opposition avait bloqué le pays (fameux mouvement « pays lock »). Aujourd’hui, le G9 l’asphyxie en bloquant la distribution du pétrole, occasionnant un dysfonctionnement social, et en exigeant à tout prix le départ du Premier ministre Ariel Henry, le mettant en déroute le 17 octobre au Pont-Rouge.

Si les différentes composantes de la société ne s’accordent pas pour bloquer l’extension des gangs et réguler le fonctionnement social, ces derniers décideront du prochain président d’Haïti et se transformeront en un proto-État.

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« Development of kidnapping in Haiti, 23 January 1973, spectacular rapt!« , 19 november 2021

ABSTRACT :

Haiti is facing an appalling level of kidnapping, ranking as the country with the highest rate per capita (The Washington Post). This report addresses the issue in its many facets for a better understanding of the phenomenon.

According to the United Nations, kidnapping can take many forms. Haitian law defines a legal regime and penalties ranging from imprisonment (thirty to fifty years) to forced labor for life (law of August 22, 2017).

Historically, the first spectacular kidnapping would be the kidnapping of the American ambassador and American consul, Clinton Knox and Ward Christensen, on January 23, 1973. This practice would have existed during the reign of the Duvalier. During the years 1995-2000, drug trafficking was widespread in Haiti and contributed to its development. The kidnapping of Boris Potensky, on May 28, among other minors, left its mark.

The chronology of kidnappings by comparative analysis is made from 2004 to 2021. From 2004 to 2006, kidnapping followed by violence was used as a political weapon, targeting apparently wealthy families and middle-class citizens. More than 1,000 were recorded in 2005. From 2007 onwards, a downward trend was observed. The years 2020 and 2021 have similarities to 2005 and 2006, while differing considerably.

From the indicators, the public (political figures) and private sectors have knowingly or indirectly developed criminality, including kidnapping in Haiti. Having been simple executors in the past, gangs now tend to have a certain autonomy. Today, they control an average of 60% of the territory, including strategic axes for the country’s survival, and they have enormous expertise and financial and material means at their disposal, in the face of a downsized police force, a State in tatters and an extremely weak civil society.

In 2019, the opposition blocked the country (the famous “country lock” movement). Today, the G9 asphyxiates it by blocking the distribution of fuel, causing social dysfunction, and demanding at all costs the departure of Prime Minister Ariel Henry, routing him on October 17 at the Red Bridge.

If the different actors in society do not agree to refrain the expansion of the gangs and to regulate the social order, the gangs will decide who will be the next president of Haiti and will turn the country into a proto-state.

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