« Un consensus politique nécessaire » : Interview exclusif donné à RFI
Une délégation de représentants de l’administration américaine est arrivée dimanche en Haïti pour répondre à la demande d’assistance des autorités haïtiennes après l’assassinat du président Jovenel Moïse. Cette délégation s’est entretenue avec les principaux acteurs de la scène politique, dont le Premier ministre Claude Joseph.
Désormais, trois politiciens se prétendent légitimes pour assurer le pouvoir par intérim. Devant ce flou constitutionnel, un consensus entre les partis politiques est nécessaire pour sortir de la crise et assurer une transition, d’après Gédéon Jean, directeur exécutif du Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme en Haïti. « Il faut un consensus, parce qu’on ne peut pas avoir une solution institutionnelle. Pour ce faire, il faut poursuivre la discussion et travailler sur un agenda commun qui tient compte de la dimension de la crise. Là, nous faisons appel aux partis politiques, à la sagesse, au dépassement de soi et aux compromis afin de sortir le pays de cette situation exceptionnelle. »
Aujourd’hui, il y a une double préoccupation, estime Gédéon Jean : « Il faut absolument combler le vide laissé par l’assassinat du président Moïse le plus rapidement possible, mais aussi réunir les conditions nécessaires pour qu’il y ait de bonnes élections qui permettraient à la population de choisir ses représentants conformément aux institutions internationales, aux droits de l’homme et à la Constitution haïtienne. »
Voir l’article sur le site de RFI
« Il faut combler le vide laissé par l’assassinat du président » Interview exclusif donné à RFI
L’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse se poursuit, en Haïti. Un Haïtien, Christian Emmanuel Sanon a été arrêté. La police le présente comme l’un des auteurs intellectuels de l’assassinat, alors que l’incertitude règne toujours dans le pays, au niveau des institutions mais aussi dans la rue.
La police nationale dit avoir arrêté un Haïtien, Christian Emmanuel Sanon, présenté comme l’un des auteurs intellectuels de l’assassinat. Son nom a été mentionné par plusieurs personnes détenues dans cette affaire. Toujours, selon la police haïtienne, il aurait recruté, à travers une entreprise vénézuélienne nommée CTU en Floride, les 26 membres du commando responsables de la mort du président. Mais, plusieurs zones d’ombre subsistent autour de cette enquête. D’ailleurs, «la justice haïtienne n’a pas vraiment la capacité d’enquêter sur l’assassinat du président », réagit Gédéon Jean sur notre antenne. Le directeur exécutif du Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme en Haïti ajoute : «Elle était avant sous l’influence de l’exécutif, aujourd’hui, elle est dysfonctionnelle, c’est pourquoi nous demandons une enquête de justice internationale autour de ce dossier».
Une délégation américaine est arrivée hier en Haïti, et a rencontré un certain nombre de représentants haïtiens. Pour Gédéon Jean, la priorité est d’abord de «combler le vide laissé par l’assassinat du président de Jovenel Moïse, mais in fine il faudra rétablir les institutions et améliorer les conditions économiques de la population». Les États-Unis, eux, appellent de leurs vœux la tenue des élections, prévues en septembre. «C’est matériellement impossible», répond Gédéon Jean. «Les institutions sont dysfonctionnelles, pour la tenue d’élections, il faudra créer les conditions, au point de vue sécuritaire, il faudra un gouvernement qui inspire confiance et un nouveau conseil électoral provisoire».