Ce document présente un bilan actualisé des présumés membres et proches de gangs exécutés dans le cadre du mouvement « Bwa Kale » pour la période allant du 24 avril au 24 juin 2023 et propose de nouveaux commentaires, complétant ceux du premier rapport publié le 24 mai 2023. À date, le« Bwa Kale » a atteint huit départements sur dix. Deux-cent-quatre (204) présumés membres et proches de gangs ont été exécutés
Premier bilan : du 24 avril au 24 mai
Summary
Since the launch of the Bwa Kale movement, on 24th April 2023, giving birth to a bipartite collaboration police-population, at least 160 alleged bandits have been chased, lynched and burnt alive all over the country: 134 in the Ouest department, equivalent of 83.75%; five (5) in the Central Department, 3.12% ; nine (9) in Artibonite, 5.62% ; one (1) in the South, 0.62%; nine (9) in Grand’Anse, 5.62% ; one (1) in the North, 0.62%. Beside this, at least 78 more had been executed prior to “Bwa Kale”: Turnel, Rozo, Miragoâne, Solino / Delmas 24….
This is a popular reaction (natural and conventional right of legitime defense) to face the extreme cruelty of the gangs, given the powerlessness of the police, the incapacity of the State to use its legitimate monopoly over the means of violence, and the international “fiddling around” and getting stuck in the rhetoric of promises….
This citizen’s awakening resulted in a drastic reduction of kidnappings from 24th April to 24th May 2023 (almost no cases of abduction reported) and other manifestations of gangs ‘violence (killings, rapes…). Forty-three cases of murders registered.
This movement must be framed to give a sustainable security, otherwise the gangs’ retaliations will be worse than the atrocities committed prior to “Bwa Kale”. The massacre orchestrated by the “5 segond” gang in Source Matelas, on 19th April 2023, where about 40 people disappeared or were assassinated, was in retaliation against the citizen brigade set up in the aftermath of the 29-november-2022 attack (at least 12 murders). It also deems to limit potential abuses (a few cases being under review).
This is the responsibility of central and local authorities, and more generally of the elites, but also of the international cooperation in Haiti having mandates focusing on institutional reinforcement (police / Justice) and the Rule of law (MINUSTAH, MINUJUSTH, BINUH), and on behalf of the responsibility to protect.
The security is before all a question of means (Emmanuel Macron). The police need concrete means (materials, technologies…) to tackle gangs and perform its mission, similar to any other police: “protect and serve”.
Criminological research is important for a better understanding of these new behaviors and prevent their impacts on the future of the country. Institutional measures must be considered to fundamentally tackle this new organization (of the) against criminality, the gangs obviously known (Izo, Ti Lapli….) not being the “bosses”, otherwise, there will be further.
Résumé
Depuis le lancement de « Bwa Kale » le 24 avril 2023, donnant lieu à un binôme police-population, au moins 160 présumés bandits sont pourchassés, lynchés et brulés vifs dans tout le pays : 134 dans le département de l’Ouest, 83.75 % ; cinq (5) dans le département du Centre, 3.12 % ; neuf (9) dans l’Artibonite, 5.62 % ; un (1) dans le Sud, 0.62% ; un (1) dans le Sud Est, 0.62% ; neuf (9) dans la Grand’Anse, 5.62 ; un (1) dans le Nord, 0.62. En outre, au moins 78 avaient été exécutés avant le « Bwa Kale » : Turnel, Roseaux, Miragoâne, Solino/Delmas 24…
C’est une réaction populaire (droit naturel et conventionnel à la légitime défense) face à la cruauté extrême des gangs, car les forces de l’ordre sont impuissantes, l’État est incapable d’user de son monopole de (la) violence légitime et l’international « tourne en rond » et s’enlise dans la rhétorique promesses….
Ce réveil citoyen a conduit à une réduction drastique des enlèvements du 24 avril au 24 mai 2023 (presque pas d’enlèvements signalés) et des autres manifestations de la violence des gangs (tueries, viols…). 43 assassinats contre 146 pour le mois d’avril (du 1er au 23) et 86 pour le mois de mars, baisses de 70.55% et 50.58 %.
Ce mouvement doit être encadré pour une sécurité durable, sinon les répliques des gangs seront pires que les atrocités précédant le « Bwa Kale ». Le massacre orchestré par le gang 5 secondes à Sources Matelas le 19 avril 2023, une quarantaine d’assassinats et de disparus, a été une revanche contre la brigade citoyenne mise en place à la suite de l’attaque du 29 novembre 2022 (au moins 12 assassinats). Il faut aussi limiter les éventuelles dérives (des cas sont à l’étude).
C’est la responsabilité des autorités centrales et locales, plus généralement des élites, mais aussi de la coopération internationale en Haïti avec des mandats portant sur le renforcement institutionnel (police/Justice) et l’État de droit (MINUSTAH, MINUJUSTH, BINUH) et au nom de la responsabilité de protéger.
La sécurité est avant tout une question de moyens (Emmanuel Macron). La police a besoin de moyens concrets (matériels, technologies…) pour affronter les gangs et remplir sa mission comme toute autre police : « protéger et servir ».
Des études criminologiques sont importantes pour une compréhension de ces nouveaux comportements et prévenir leurs impacts sur l’avenir. Des mesures institutionnelles doivent être envisagées pour s’attaquer fondamentalement à cette nouvelle organisation de la criminalité, les gangs visiblement connus (Izo, Ti Lapli…) n’étant pas les « maîtres », sinon il y en aura d’autres.