Carnage à Village de Dieu – CARDH consterné

Communiqués de presse Publications

Port-au-Prince, le 13 mars 2021

L’ « opération » policière à Village de Dieu : une enquête suivie de sanctions juridico-administratives s’avère nécessaire

1- Le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) constate avec indignation que lors de l’« opération » menée à Village de Dieu, dans la journée du vendredi 12 mars 2021, des policiers des unités d’élite[1] (SWAT-TEAM, BOID, BIM) ont été pris dans un guet-apens sans être secourus.  Le bilan  est choquant  :

  • des policiers[2]tués ( 4), profanés, mutilés et brulés ;
  • huit (8) autres mortellement blessés et amenés à l’hôpital ;
  • deux ( 2) chars saisis, un (1) brulé ;
  • de nombreuses armes de grands calibres saisies (incluant une quantité importante de minutions), dont un M60, tirant 550 balles à la minute et pouvant atteindre une cible à 1 km, et un M50, tirant 850 balles à la minute et pouvant atteindre une cible à 6km[3].

2- Notons qu’aucun bandit n’a été touché même d’une balle !!! D’entrée de jeu, le CARDH présente ses sympathies aux familles des policiers victimes dans ces conditions non élucidées et à la grande famille de la Police nationale choquée par les images faisant le tour de la toile où des bandits notoires veulent humilier l’institution chargée de sécuriser la population et réaffirmer leur  « hégémonie » criminelle.

3- Depuis l’arrivée du directeur a.i. Léon Charles, les résultats d’une série d’opérations menées sont peu satisfaisants. Le carnage à Village de Dieu en est la énième dans la zone.

4- Les gangs G9 et alliés circulant dans des voitures avec des plaques officielles et de services de l’État  participent à des rencontres en toute quiétude. Ils reçoivent de l’argent, armes et minutions du pouvoir ; ils nomment et révoquent dans l’administration publique ; ils kidnappent, tuent et violent comme bon leur semble (796 kidnappings pour l’année 2020 et 110 pour les deux premiers mois de 2021). Les officiels et les autres secteurs impliqués dans la criminalité (kidnapping, trafic d’armes…) sont connus. Il en est de même pour ceux qui font la liaison entre le palais national, certains ministères et les gangs armés.

5- L’institution policière souillée et humiliée ; des forces d’élites à genoux ; des familles endeuillées ; des femmes et enfants de ces policiers largement affligés pourront difficilement survivre ; la population en état de choc. La hiérarchie policière et l’administration Jovenel Moïse sont responsables de ce carnage.  

6- Face à ce constat, le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) recommande :

  • une enquête internationale[4] sur ce qui s’est passé au village de Dieu avec toutes les conséquences juridiques et administratives ;
  • la démission des responsables de l’opération et des autorités politiques concernées ;
  • des funérailles nationales pour ces policiers ;
  • l’expression de la réprobation de tous les secteurs de la vie nationale face à ces actes barbares affectant le morale des policiers et leur solidarité à l’institution, notre seule force de sécurité nationale.

Me Gédéon Jean
Directeur exécutif


[1] Chiffres fournis lors d’un point de presse d’environ une minute du DG a.i. de la PNH, le samedi 13 mars.
[2] Les premières informations confirment les noms suivants : Standley Eugène, Ariel Poulard ; Georges Renoît ; Alexis G. Vivender.
[3] Informations publiées par Monsieur Mario Andresol, ancien DG de la Police nationale d’Haïti (PNH).
[4] En général, les enquêtes nationales se terminent par un « kase fey kouvri sa » (l’enquête se poursuit)