Hégémonie de la criminalité et responsabilité de protéger

Publications Rapports d'enquêtes

I. Resumé

  1. Les gangs armés font la loi à la République : massacres ; viols ; kidnappings ; tortures ; déplacés ; prise d’assaut de commissariats et postes de police. Bénéficiant du financement, d’autres moyens et du mutisme de l’administration Jovenel Moïse, la prédominance des gangs du G9 en fanmi e alye (famille et alliés) est affirmée, alors que la Police nationale d’Haïti, dont la mission est de protéger la vie et les biens, est impuissante et devient par la suite leur cible.
  2. Environ 10,000 déplacés sont repertoriés pour la première moitié du mois de juin (du 1er au 15) dans la zone métropolitaine, parmi lesquels près de 2 000 des affrontements de Martissant dont 507 garçons, 582 filles, 426 mineurs et 50 nourissons, logés au centre sportif de Carrefour. Soixante-mille (60 000) personnes ont besion d’assistance humanitaire à Martissant et au bas de Delmas.
  3. Le kidnapping, suivi de tortures et de viols, prend une proportion imposante, violant la dignité des citoyens et les bascule dans la pauvreté abjecte, des centaines de milliers de dollars américains étant imposés comme rançon. Une vingtaine de kidnappings collectifs ont été perpétrés surtout par le gang 400 Marozo pour la seconde moitié du mois de mai (une cinquantaine de kidnappés).
  4. De janvier à date, au moins 231 rapts ont été recensés, dont 14 ressortissants étrangers. Comme précisé dans les bulletins du CARDH , ces chiffres ne sont pas exhaustifs. Ils servent d’indicateurs pour savoir si le phénomène est en hausse ou en baisse.
  5. Etant complice de cet état de choses, l’administration Jovenel Moïse omet ses obligations de droits humains (respecter, protéger et mettre en œuvre), en est donc responsable. Par ailleurs, la mission assignée à la coopération internationale (Charte des Nations Unies) et sa présence pendant les 27 dernières années en Haïti, amène le CARDH à l’alerter sur sa responsabilité morale si les dispositions nécessaires ne sont pas prises.
  6. Pour désamorcer cette bombe à retardement, tout accord politique devra se fonder sur une politique effective de désarmement, condition préalable à la réalisation d’élections démocratiques.
  7. L’autorité de l’Etat devra être rétablie. Les acteurs de la société civile (secteur privé, organismes de défense des droits humains, organisations communautaires de base, écoles, églises…) ont aussi leur rôle à jouer.


Le G9 exhibant ses armes et machettes, annonçant qu’il va s’en prendre aux organisations de droits humains et à ses opposants
Le commissariat de portail Saint Joseph (Centre-ville), détruit par le gang Krache Dife (au moins trois policiers y ont été calcinés)
Le chef de gang Izo 5 secondes menaçant les journalistes, opposant politiques et militant de droits humains de les kidnapper.

Série de reportages

Reportage spécial du journaliste Jhony Ferdinand( Radio Caraïbes)

Voir l’album pour plus de médias