Le 75ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) a été lancé en Haïti le 8 février 2023, coïncidant avec la visite du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme, Volker Turk, les 8 et 9 février 2023.
En prélude, le Haut-Commissaire a rencontré des organisations de droits humains, dont le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH), pour recueillir leurs préoccupations et voir ensemble comment agir en faveur des droits humains en Haiti.
Les activités commémoratives se sont ouvertes dans l’après-midi à l’hôtel Karibe, en présence du Premier ministre, Ariel Henry, des membres du gouvernement et du Haut conseil de la transition (HCT), du corps diplomatique et des représentants d’organisations de droits humains et de la société civile.
Dans son intervention, la ministre de la Culture et de la Communication, également garde des sceaux de la République, Emmelie Prophète, a mis l’emphase sur le rôle d’Haïti dans les démarches ayant abouti à l’adoption de la Déclaration Universelle des Droits de l’homme (DUDH). Elle a, en outre, souligné le problème de sécurité auquel le pays est confronté : « plus que jamais, la défense des droits de chaque Haïtien et de chaque personne qui visite le pays ou qui y réside est une responsabilité, lourde certes, de l’État haïtien. Le Gouvernement en est conscient et s’engage à ne pas s’écarter de sa mission cardinale qui est de créer et d’entretenir les conditions idéales, et en peu de temps, capables de neutraliser toutes les forces, d’où qu’elles se placent, qui entravent le fonctionnement d’un État de droit au profit de tous ».
Naiflor Civil, écolière du Lycée national de La Saline, accompagnée de deux autres élevés, a ensuite pris la parole pour exprimer la situation des populations des zones vulnérables livrées à la violence des gangs armés…« Je voudrais profiter de la présence du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme pour vous inviter à entendre le cri de détresse des habitants de La Saline, Cité-Soleil, Carrefour Feuille, Pernier, Torcel, Martissant, Croix-des-Bouquets, Canaan, l’Artibonite et d’autres localités. Ces personnes sont exposées à de réelles difficultés et sont au bout de leur force. Pour surmonter ces défis, elles ont réellement besoin de votre aide en vos qualités d’autorités étatiques, de représentants de la société civile et de partenaires internationaux ».
Prenant la parole au nom du Corps diplomatique, l’Ambassadeur du Mexique en Haïti, Daniel Alberto Cámara Ávalos, a invité à la réflexion autour du thème central de la célébration des 75 ans de la DUDH « Liberté, égalité et justice pour tous ». Il a appelé la coopération internationale à continuer à soutenir Haïti, à accompagner, à renforcer les organisations de la société civile et à soutenir le travail du Haut-Commissariat aux droits de l’homme pour aider Haïti ainsi que celui du BINUH.
Nouvellement investit dans sa fonction de Haut-Commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme, Monsieur Volker Turk a souligné l’importance de sa visite en Haïti pour lancer un message de solidarité à la population haïtienne, assurer qu’Haïti n’est pas oubliée malgré les crises dont le monde souffre actuellement. Il a aussi souligné le rôle qu’a joué l’ambassadeur d’Haïti aux Nations Unies, Emile Saint, dans les démarches ayant abouti à l’adoption de la DUDH
De son côté, le Premier ministre Ariel Henry a reconnu que la commémoration des 75 ans de la DUDH coïncide avec un contexte sociopolitique et sécuritaire difficile, marqué notamment par de graves atteintes aux droits de la personne, particulièrement dans les zones contrôlées par des gangs armés. Il assure que « l’équipe gouvernementale n’entend ménager aucun effort pour avancer dans la voie du dialogue et de la réconciliation nationale, conditions essentielles pour un retour à la paix et à la stabilité. Nous travaillons inlassablement pour élargir et renforcer le consensus pour une transition inclusive et des élections transparentes et démocratiques. C’est un carrefour obligé pour revenir au fonctionnement régulier de nos institutions et l’avènement d’un climat garantissant le respect des droits de tout un chacun ». Il a réitéré un appel à un soutien approprié de la communauté internationale aux forces de police. Le Premier ministre a aussi demandé instamment aux fonctionnaires, aux agents publics, aux membres de tous les corps de l’État de placer les droits humains au cœur de leur action afin d’arriver à inverser les tendances malheureuses que nous connaissons actuellement.
Au terme de sa visite, le Haut-commissaire a présenté une conférence au salon diplomatique de l’aéroport le 10 février, en soulignant que « Le monde a besoin d’entendre ce dont j’ai été témoin. Dans la capitale et dans de nombreux quartiers, les gangs contrôlent l’accès à l’eau et la nourriture. L’enlèvement est monnaie courante. Une personne sur deux est confrontée à la faim et n’a pas accès à l’eau potable. Les prisonniers meurent de malnutrition, de cholera. »
Il a appelé la communauté internationale à « envisager d’urgence », dans les délais précis et avec un plan d’action précis, l’envoi d’une force de soutien spécialisée en Haïti pour aider la police à mater les gangs.
« La police nationale d’Haïti a besoin d’un soutien international coordonné immédiat à la hauteur des enjeux pour renforcer sa capacité à répondre à la situation sécuritaire d’une manière conforme à ses obligations en matière de droits humains. Je demande également à la communauté internationale d’engager d’urgence le déploiement d’une force d’appui spécialisée dans les délais précis avec un plan d’action précis. Ce déploiement doit s’accompagner d’un rétablissement rapide et durable des institutions publiques. »